« Je suis bouddhiste mais personne ne le sait. C’est tellement intime la spiritualité. Alors ce petit chat chinois qui fait coucou de la main avec son ventre rond, j’en ai fait monsymbole ; c’est mon Bouddha caché. Je lui mets des fleurs, il est ma bonne fortune, mon autel du bonheur dans mon appartement. Mais ma colocataire est malveillante. Et perspicace… Elle déplace les fleurs, laisse trainerson bouquin juste devant le chat. Elle sait que ça me déstabilise. Je suis comme morcelé. Elle me divise pour mieux régner.
Un jour quelqu’un m’explique que sans Judas, la vérité de Jésus n’aurait pas existé. Du coup je me dis : “Où elle est ma vérité si même chez moi je reste caché ?” Alors voilà. J’ai acheté un Bouddha. Un vrai. Je lui fais des offrandes.
Grâce à ma colocataire, je me sens entier. »
Un jour quelqu’un m’explique que sans Judas, la vérité de Jésus n’aurait pas existé. Du coup je me dis : “Où elle est ma vérité si même chez moi je reste caché ?” Alors voilà. J’ai acheté un Bouddha. Un vrai. Je lui fais des offrandes.
Grâce à ma colocataire, je me sens entier. »
Hugo, 36 ans – Saint-Ouen, 2024
Extrait de la collection « C’est arrivé à l’un de nous »
Extrait de la collection « C’est arrivé à l’un de nous »
Editions collections de cartes postales : Tapioca 2025
Un recueil illustré et un récit choral à destination du spectacle vivant sont prévus, échelonnés sur les 3 prochaines années.
Un recueil illustré et un récit choral à destination du spectacle vivant sont prévus, échelonnés sur les 3 prochaines années.
Stéphanie Vicat – Tisseuse d’histoires
C’est arrivé à l’un de nous
Le quartier de la Bastille à Paris a toujours été une agora pleine de vie. Au fil des ans pourtant, quelque chose de mortifère s’installe, en même temps que la pauvreté économique et le super développement des réseaux et moyens de communication.
Le sentiment de solitude gagne du terrain, recouvre et gangrène ; on ne se regarde plus, on ne s’écoute plus, les écouteurs fichés dans nos oreilles, les yeux rivés sur les smartphones, on grommelle un vague «pardon» en se rentrant les uns dans les autres.
La première inconnue que j’ai vue assise sur le bord du trottoir, pleurant de tout son corps et à qui j’ai dit « vous voulez me raconter ce qui ne va pas ? » a accepté d’emblée, me faisant ainsi le cadeau du partage, de la sensation merveilleuse de n’être plus des aliens mais bien des congénères sur une planète commune.
Je ne le savais pas encore, mais ça a changé quelque chose.
Imperceptiblement, une idée s’est mise en place…
Le sentiment de solitude gagne du terrain, recouvre et gangrène ; on ne se regarde plus, on ne s’écoute plus, les écouteurs fichés dans nos oreilles, les yeux rivés sur les smartphones, on grommelle un vague «pardon» en se rentrant les uns dans les autres.
La première inconnue que j’ai vue assise sur le bord du trottoir, pleurant de tout son corps et à qui j’ai dit « vous voulez me raconter ce qui ne va pas ? » a accepté d’emblée, me faisant ainsi le cadeau du partage, de la sensation merveilleuse de n’être plus des aliens mais bien des congénères sur une planète commune.
Je ne le savais pas encore, mais ça a changé quelque chose.
Imperceptiblement, une idée s’est mise en place…
Un recueil de petits récits dormants sur un territoire commun : les médiathèques de
Seine-Saint-Denis. Un projet mené en partenariat avec deux dessinatrices, sur le principe de Un texte/Un dessin.
En installant ma table à l’entrée d’une médiathèque du réseau Plaine-Commune, j’explique aux habitués : « Il y a eu un moment dans votre vie où quelque chose vous est arrivé, qui d’une manière ou d’une autre a compté ou compte encore pour vous. C’est parfois très discret, ce peut être une odeur, une image, un son, un micro-évènement, un objet, un presque-rien auquel votre entourage n’a pas prêté attention, mais pour vous, l’impact a été réel. À la suite de ça, quelque chose a changé. »
Les gens véhiculent un nombre incroyable de petits récits dormants ; ils sont souvent le reflet de nos vérités et aspirations communes, de nos traits d’humanité communs. Peu importe que les anecdotes soient banales ou non, ce qui ne l’est pas, c’est notre manière de les raconter, avec nos expressions, nos raccourcis, nos maladresses. Chaque narration devient unique et singulière.
Seine-Saint-Denis. Un projet mené en partenariat avec deux dessinatrices, sur le principe de Un texte/Un dessin.
En installant ma table à l’entrée d’une médiathèque du réseau Plaine-Commune, j’explique aux habitués : « Il y a eu un moment dans votre vie où quelque chose vous est arrivé, qui d’une manière ou d’une autre a compté ou compte encore pour vous. C’est parfois très discret, ce peut être une odeur, une image, un son, un micro-évènement, un objet, un presque-rien auquel votre entourage n’a pas prêté attention, mais pour vous, l’impact a été réel. À la suite de ça, quelque chose a changé. »
Les gens véhiculent un nombre incroyable de petits récits dormants ; ils sont souvent le reflet de nos vérités et aspirations communes, de nos traits d’humanité communs. Peu importe que les anecdotes soient banales ou non, ce qui ne l’est pas, c’est notre manière de les raconter, avec nos expressions, nos raccourcis, nos maladresses. Chaque narration devient unique et singulière.
Autrice : Stéphanie Vicat
Dessinatrices : © Salomé Bégou : @begousalome | © Félicie Michaël : @fbm.archi
Production : Tapioca & Cie les Coeurs Cousus
Soutiens : Médiathèques Plaine-Commune